Avant de commencer

Il était une fois…

Il était une fois… une histoire.

Elle est là, dans votre tête, à aller et venir par morceaux, un peu comme un casse-tête à assembler. Elle n’est pas toujours dans l’ordre. Il reste parfois des bouts qu’on ne sait pas où mettre quand tout nous semble en place. Comme un meuble ikea à construire.

Une histoire.

Il arrive que, pendant la construction, tout change. Un nouveau personnage arrive. Un élément que l’on n’attendait pas survient. Quelque chose se casse, et puis… tout est à refaire. Le gâteau ne prend pas. Quelque chose nous échappe. On essaie de tout revoir, de tout reconstruire, d’ajouter plus d’éléments afin que la structure tienne mieux. Il arrive que ça fonctionne. Il arrive qu’il faille tout démonter… et tout refaire!

C’est la magie de ces quatre petits mots : il était une fois. Ils contiennent des tas de rêves. Ils sont souvent suivis de ces trois petits points qui laissent libre cours à notre imagination. Ceux qui nous donnent la permission de créer des mondes, des personnages, des situations cocasses ou terrifiantes. Des univers parallèles, qui sont là, dans notre esprit, et qui se développent à l’insu des autres.

Mais en nous, tout un espace leur est réservé.

Il était une fois… la vie. Cette histoire qui existe même si c’est dans notre tête. Elle a tant de ramifications incertaines. Comme pour notre propre existence, nous ne savons pas de quoi l’histoire qui germe dans notre esprit sera faite. Ou presque. Il y a bien des thèmes, des situations, un début et une fin assez solide, mais rien n’est immuable. Pour beaucoup d’événements… il y a du flou. Un flou que l’auteur doit chasser afin de laisser apparaître l’ensemble. Les bouts manquants. Les bouts qui tiennent le reste de la structure. Sans ce travail, votre histoire ne pourra jamais exister.

L’auteur est donc une sorte d’Indiana Jones a la recherche de reliques perdues dans les méandres de notre imagination. C’est épuisant, c’est vrai, mais quand on arrive à les rassembler dans un ordre logique, il se passe quelque chose de miraculeux : une histoire naît.

Votre histoire.

Ce n’est pas simple, il est vrai. C’est plein d’incertitudes, plein de moments de découragements, mais croyez-moi sur paroles: c’est surtout une magnifique aventure!

Un guide d’écriture ?

Je vais commencer ce pseudo-guide par un terrible aveu : je n’ai jamais aimé les guides d’écriture. J’ai dû en lire quatre ou cinq avant de remarquer que les recettes proposées se ressemblaient beaucoup… et aucune ne me convenaient parfaitement. La raison est simple : pour écrire, il faut trouver la méthode qui nous convient le mieux, celle qui colle à notre personnalité. De ce fait, je suis triste de vous le dire, mais ce guide ne fonctionnera peut-être jamais pour vous… et c’est tant mieux !

Pour avoir écrit et publié beaucoup, je suis désormais persuadée que chaque méthode, tout comme chaque parcours, est unique et différent. C’est pourquoi, rien de ce que je vous dirai ne pourra être pris comme la vérité absolue (elle n’existe pas, de toute façon). Comme dans toutes les sphères de nos vies, sachez que les conseils ne sont jamais écoutés que par ceux qui veulent bien les entendre. C’est pourquoi je dis ceci dès le départ : si un conseil vous plaît, prenez-le ; s’il vous agace, jetez-le aux poubelles et faites ce que vous croyez être le mieux pour vous. Après tout, c’est votre parcours. À vous de choisir la route que vous avez envie de prendre.

Étant du genre « bricoleuse » avec ce genre de guides, je mélange souvent ce qui me plaît avec ce que je fais déjà afin de bonifier ma propre expérience. Je vous encourage donc à en faire autant. Après tout, les peintres mélangent bien les couleurs ! Pourquoi ne pas faire la même chose avec mes conseils ? Faites votre recette et exploitez-là à votre rythme. Si cela ne fonctionne pas, il sera toujours temps de revoir vos ingrédients.

Qui suis-je ?

Avant d’aller plus loin, permettez-moi de me présenter : je m’appelle Suzanne Roy et je suis auteure depuis une dizaine d’années. J’ai près de 50 romans écrits dont 35 sont publiés ou autopubliés. Mes histoires ont été adoptées par plusieurs maisons d’édition, que ce soit au Québec ou en France (parmi celles-ci : Harlequin, AdA, Bragelonne…) et certaines ont même été traduites ! Je publie surtout de la romance contemporaine, fantastique ou érotique, mais pas que ! Notez aussi qu’une partie (en réalité : un peu plus de la moitié) de cette production est sous pseudonyme. De ce fait, pendant quelques années, j’ai publié entre 4 et 7 livres par an, et je peux vous assurer que ce n’était pas de tout repos !

J’ai aussi tenté l’autoédition à quelques reprises, pour pouvoir faire les choses à mon rythme – et je ne le regrette pas. Sur mes 32 publications, j’en ai autopublié 10, mais 4 de ces publications sont passées en maison d’édition par la suite. Si vous êtes doué en maths, vous comprendrez qu’il m’en reste 6 et je ne cherche pas à les caser !

On dira que j’ai un parcours atypique, mais je suis loin d’être la seule. Déjà, j’ai beaucoup écrit avant de démarcher les maisons d’édition (je devais avoir 12 manuscrits dans mes tiroirs quand je me suis lancée, mais à l’époque, on ne publiait pas de romance francophone). Ce n’est donc guère étonnant que mes publications aient été nombreuses en peu de temps. J’ai aussi beaucoup expérimenté (que ce soit en écriture et en promotion), déterminée à ne jamais prendre tout cela au sérieux. Plus encore quand j’ai commencé à gagner de l’argent avec mes livres, car, d’un trait, j’ai décidé de tout mettre sur la glace.

Sinon, dans la « vraie » vie, j’ai fait des études en littérature (baccalauréat et maîtrise en études littéraires, sur la fabuleuse Simone de Beauvoir) et j’ai également une maîtrise en communication – spécialisation en multimédia. Je suis, depuis 19 ans, professeure de médias numériques au collégial. J’enseigne à la fois le Web, l’infographie, les effets vidéo, l’animation, etc. Je ne nierai pas que ma formation a été très utile lorsqu’est venu le temps de m’autopublier. On peut donc dire que mon bagage est varié et c’est, je pense, ce qui donnera ma touche personnelle à ce guide. Je l’ai souvent dit, mais l’écriture et la publication sont des laboratoires d’expérimentations qu’il me plaît de tester à ma façon, et – vous le verrez sûrement – pas toujours d’une manière traditionnelle. Dans tous les cas, j’espère qu’il vous donnera envie de faire des essais à votre tour, puisque, comme l’adage le dit si bien : « Qui ne risque rien n’a rien ».

Ce guide ne pourra vous donner que des conseils qui me sont propres, mais l’écriture, la correction, la négociation du contrat, la publication et, surtout : les mauvaises surprises, n’ont (presque) plus de secrets pour moi. C’est donc dans cette optique que j’ai décidé de faire ce petit guide (non prescriptif) afin de fournir différentes astuces pour les jeunes auteurs qui cherchent à éviter des pièges, ou les auteurs confirmés qui ont envie de voir le milieu littéraire différemment ou de tester l’autoédition. À vous de voir à quelles fins ce guide vous intéresse.

Le plus important dans cette aventure, c’est que l’écriture reste une passion. Je le dis et je le répète, car à force de publier, j’en suis pratiquement arrivée au point de perdre le plaisir d’écrire. À une époque, je ne voyais plus que les corrections, les échéances et le fait qu’on m’ajoutait du travail alors que j’en avais déjà un. C’est pourquoi, pendant presque deux ans, j’ai décidé de me concentrer sur l’écriture en mettant volontairement de côté la publication. 

Même s’il peut faire rêver, sachez que ce milieu est loin d’être de tout repos. Il nous fait régulièrement perdre de vue ce qui compte vraiment : l’écriture de nos histoires. Certes, publier, parler de nos personnages et rencontrer ses lecteurs, c’est merveilleux, mais croyez bien que ce n’est que la cerise sur votre sundae. Je le dis et le répète : l’écriture est une flamme fragile, et notre devoir, en tant qu’auteur, est de la protéger de tous les courants d’air qui tenteront de l’éteindre. Et croyez-moi : il y en aura. Beaucoup ! Résistez !

À qui s’adresse ce guide ?

Si les conseils de ce guide sont surtout orientés vers les auteurs qui en sont à leurs premières armes en matière d’écriture, à ceux qui rêvent de publier et qui doutent d’eux-mêmes ; la dernière partie du guide, notamment celle sur l’autopublication, ainsi que les outils que je recommande au sein de ces pages, s’adressent à tous les auteurs en général.

Avant d’écrire, on ne connaît pas encore l’ivresse de créer un univers qui nous est propre. C’est un véritable plaisir de développer un personnage et de s’y attacher, comme s’il s’agissait d’une personne réelle. Une fois que cela nous arrive, l’écriture devient une drogue, ou, de façon plus poétique : une bulle d’air frais dans notre quotidien répétitif.

Avant de publier, on a la sensation de passer à côté de tout, de ne pas comprendre ce que cherchent les éditeurs, de s’imaginer que personne ne verra jamais notre talent, et, surtout, de croire que tout sera parfait une fois que nous serons épaulés par des professionnels. Ce n’est pas toujours ça, malheureusement.

Une fois dans la machine, on est parfois étourdi par les délais qui nous incombent afin de rendre notre roman conforme aux exigences des éditeurs. On se sent aussi comme un numéro, échangeable sans trop de mal, et on finit par ne plus comprendre pourquoi on a tant voulu en être. Il faut attendre les premiers retours des lecteurs et les salons du livre pour trouver un sens à cette folie !

En autopublication, on se sent régulièrement comme des parias de l’édition. Certains jugent nos romans sans prendre la peine d’y jeter un œil. Mais avec la patience et de la persévérance, on peut faire un roman de très bonne qualité… seul (ou presque). D’ailleurs, depuis quelques années, on sent un véritable engouement pour l’autoédition, notamment par des auteurs qui semblaient pourtant bien installés au sein d’une maison d’édition.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que le doute est là, à chaque étape, et qu’il revient toujours, au moment où on s’y attend le moins. Apprenez donc à vivre avec. Ce sera plus facile pour la suite.

J’espère que ce guide saura vous accompagner longtemps. Aussi longtemps qu’un roman peut prendre du temps à écrire !

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